L'EMPLOI EN AFRIQUE: MISER SUR L'AGRICULTURE POUR PREVENIR LES CRISES

L'emploi en Afrique : miser sur l'agriculture pour prévenir les crises

samedi 18 mai 2013
 
Dominick Toka bi irie
CEO service international de courtage
Abidjan, Côte D'ivoire

 
330 millions de jeunes Africains arriveront sur le marché du travail d’ici 2025. C’est l’équivalent de la population actuelle des Etats-Unis. Et les deux tiers de ces nouveaux actifs vivront en zone rurale. Aussi, faute d’une diversification suffisante des économies africaines, l’agriculture continuera à jouer un rôle clé dans l’insertion économique de ces jeunes actifs et pour la stabilité du continent. Retrouvez tous les détails dans un nouveau numéro de la série Perspective.

La question de l’emploi des jeunes est primordiale pour la paix civile des pays africains. Elle l’est aussi pour la communauté internationale, et notamment pour les pays européens. Or, en Afrique subsaharienne, le secteur agricole constitue, avec 60 % des actifs, voire 80 % dans les pays sahéliens, le principal secteur d’activité. Et il le restera pour les quinze prochaines années. Ce poids durable de l’agriculture s’explique par plusieurs facteurs : l’absence d’industrialisation effective malgré une forte urbanisation, de faibles perspectives de développement d’autres secteurs d’activité dans un contexte international très concurrentiel, une tension généralisée sur les marchés du travail rendant difficile l’émigration vers les pays développés.

Pour relever ce défi de l’emploi, les chercheurs misent sur l’agriculture et sur ses grands nombres - filières de production et types d’exploitation agricole les plus fréquents – qui feront office de leviers. Il s’agit tout d’abord de donner la priorité aux agricultures familiales qui occupent l’écrasante majorité des actifs plutôt qu’aux agricultures d’entreprise. Il faut ensuite mettre l’accent sur les filières de produits vivriers, qui concernent toutes des agriculteurs familiaux et ont un énorme potentiel de croissance en termes de marchés régionaux et de transformation locale. Enfin, il est nécessaire de renforcer l’articulation ville-campagne et les réseaux de petites villes et bourgs ruraux par une meilleure politique territoriale basée sur une gestion concertée des ressources et sur des équipements et services à même d’accompagner le développement des petites et moyennes entreprises : une approche permettant de stimuler les dynamismes locaux, de raffermir et renouveler le lien social et de réduire les risques de conflit.

Une mobilisation rapide pour l’Afrique subsaharienne est indispensable : en 2050, sa population devrait dépasser celle de la Chine de plus de 600 millions d’habitants et représenter 2,5 fois celle de l’Europe.