ATELIER SUR LA REFONDATION POLITIQUE, INSTITUTIONNELLE ET TERRITORIALE Au SENEGAL

 Par Abdou Ndukur Kacc Ndao

TERMES DE RÉFÉRENCE

Cher(e)s ami(e)s,

La discussion sur le Statut de Touba et la Refondation des Institutions entre dans sa phase pratique. Comme promis, nous allons organiser un Atelier méthodologique sur le thème susmentionné pour mieux consolider la ligne éditoriale de notre future publication. Plus spécifiquement, il s' agira :

- d'élaborer les principaux messages ainsi que la ligne directrice pour le livre, 
- de définir un format et des règles rédactionnelles à l’intention des auteurs,
- d'identifier les mécanismes de diffusion et de valorisation du livre sur l’espace public.

C'est pour cela que nous vous soumettons pour informations et avis, ce projet de Termes de Références.

Merci à Cheikh Cheikh GuèyeAmadou Tidiane Wone et Khadim Ndiayepour leur investissement dans l'élaboration des TDR et la recherche de financement.

Bonne lecture

Merci

Abdou Ndukur Kacc Ndao 
---------------------------------------------------------------------------------

Le Sénégal est marqué par la pauvreté du débat public susceptible de produire des consensus sociopolitiques autour d’un projet de société et de grandes orientations (culturelles, économiques, politiques) indispensables pour un développement inclusif et basé sur une dynamique concertée de progrès et d’émancipation. En conséquence, la maîtrise des mutations sociétales et culturelles qui font et défont les liens sociaux et symboliques qui agrègent ses communautés en Etat Nation est largement déficitaire.

Les rapports Etats Nation, religion et société ne font encore l’objet d’aucune approche stratégique et prospective. Bien au contraire, ils restent souvent contenues dans des logiques clientélistes et politiciennes qui, une bonne partie du temps, en exacerbent les aspects négatifs et extrémistes.

Pendant longtemps, le Sénégal a joui d’une réputation de terre d’exception où le pluralisme des ethnies et groupes, des confessions et les particularismes des attachements doctrinaux rimaient avec harmonie.

L’Etat nation sénégalais en gestation depuis des siècles et surtout depuis 53 ans est à la croisée des chemins, pénétré de toutes parts par des interrogations sur le projet de société qu’il porte, les institutions qui doivent le servir, le système d’éducation qui doit en former les acteurs, animateurs et sujets, les territoires qui doivent en être les enveloppes et les produits, les transformations économiques qui doivent permettre de le financer et d’assurer le progrès matériel.

Il en oublie l’essentiel : la renégociation de son pacte national et d’un contenu auquel les porteurs d’enjeux se reconnaissent et se réfèrent pour aujourd’hui et demain.

Dans cet ordre d’idée, un débat fort intéressant mobilise depuis quelques semaines les sénégalais à travers l’espace public et médiatique. Suscité par le non respect de la loi sur la parité par la liste électorale de Touba, il a mobilisé des personnalités diverses de par leur formation, leur profession, leur parcours intellectuel et humain, leur obédience religieuse, etc. Il s’est depuis lors étendu à d’autres champs thématiques et enjeux en intégrant logiquement des démarches réflexives holistiques et complexes.

Il exprime l’extrême dynamisme intellectuel des sénégalais et dans le même temps le besoin insatisfait de débats approfondis sur les questions de société en général et plus particulièrement sur les articulations de rechange entre l’Etat, la société et les religions plus de 50 ans après notre indépendance, qui a consacré à son époque des choix politiques, idéologiques, culturels sans une base commune concertée. Pourtant, ces problématiques constituent les principales lignes de rupture de l’espace social et sont potentiellement génératrices de conflits, à l’image des situations observées ces dernières années dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest avec qui nous partageons des similitudes importantes issus de notre appartenance commune aux mêmes aires historiographiques et culturelles.

En tant que nouvel espace de sociabilité, de partage d’informations et d’idées et dans un monde en transformation technologique et civilisationnelle, Facebook a joué sa partition grâce à l’initiative de l’anthropologue sénégalais Abdou Ndao le 15 mai 2014. Il écrivait :

« En reprenant les termes du débat, je dirais qu’il se résume en trois portes d’entrée complémentaires. Pourquoi Touba n’a pas présenté de liste non paritaire, conformément à la loi ? Quel statut pour cette ville sainte ? Comment, plus globalement, intégrer nos spécificités socioculturelles dans notre cadrage institutionnel ?

Je voudrais délibérément prendre le dernier questionnement qui me parait suffisamment représentatif des deux premières portes d’entrée.
Personnellement, je suis d'accord qu'il faut tenir compte des réalités socioculturelles dans l’élaboration des nos cadrages administratifs et culturels. Vaste formulation pour ne pas dire une approche trop générique qui cache parfois mal les complexités.

Si cette posture est validée, alors regardons comment appliquer nos lois aux villes saintes de Popenguine, de Médina Baye, de Ndiassane, de Cambérène, de Tivaoune, de Médina Gounass..Tout ceci n'es pas simple et nous avons sauté pieds joints cette étape d'une discussion nationale sur l'internalisation de nos spécificités dans notre droit positif.

Cette discussion doit s'appuyer sur des consensus forts et progressifs. Il est gênant qu'une partie de notre communauté nationale puisse à son corps défendant ou consciemment, s'approprier ce débat. Les consensus sur cette question délicate ne doivent pas être administratifs ou mécaniques. Mais ils doivent relever d'un processus venu à maturité parce que discutés, acceptés et appropriés par notre communauté nationale.

Ce débat n'est pas entre ceux qui sont pour ou contre Touba. Il n’est pas non plus un débat religieux. En revanche, il démontre les limites objectives de notre modernité institutionnelle face à des majorités sociologiques et religieuses constitutives de notre nation. Ces dernières ne peuvent en aucun cas nous soumettre ou soumettre la République sauf à considérer qu'elles bénéficient de statut particulier dans la limite des lois et règlements républicains.

Puis que nous y sommes, regardons bien par souci d'équité et de justice, comment intégrer les spécificités des majorités et minorités sociologiques de notre pays. Sous ce rapport majorité et minorités sont d'égale dignité morale même si elles ne sont pas d'égale représentativité démographique.

Je crois sincèrement qu'il faut poser ce débat avec sérénité et éviter de classer les sénégalais entre ceux qui sont contre ou pour Touba. La complexité et les enjeux stratégiques du débat ainsi que le positionnement des différents acteurs montrent que nous avons tout intérêt à en débattre avec intelligence et tact.

A mon humble avis, ce dont il s’agit, c’est bien d'une refondation profonde de nos institutions pour aller au delà des conclusions minimalistes et consensuelles des assises nationales et de la CNRI. Ces enjeux là, nous devons les considérer comme des défis stratégiques à relever »

Cette introduction au débat a permis à une centaine de contributeurs de participer à ce processus d’échange qui a également vu se multiplier les renvois à des articles et textes plus élaborés publiés dans les journaux, les sites internets ou des ouvrages. Pour aller plus loin que le débat par « posts », les principaux animateurs de ce débat ont décidé de se parler directement via un autre médium : skype.

Ces échanges par skype ont permis de prolonger le débat et d’aboutir à la décision de publier un livre sous forme de contribution dialoguée du groupe à la refondation nécessaire de notre Etat Nation. REFONDATION, ce concept semble faire l’unanimité devant le constat général de l’inadéquation de nos institutions et de leur inanité en termes de légitimité et d’incarnation de nos valeurs communes. Elle doit à la fois porter sur la société, la politique, les institutions et les territoires.

Le livre à produire s’appuiera sur des contributions de sénégalais d’ici et d’ailleurs. Son format et les principes devant construire le message principal et le fil conducteur vont être élaborés au cours d’un atelier qui se tiendra à Dakar en présentiel (avec possibilité de participation en ligne (via facebook et skype) des principaux acteurs de l’initiative.

Objectifs de l’atelier :

- Élaborer les principaux messages ainsi que la ligne directrice pour le livre 
- Définir un format et des règles rédactionnelles à l’intention des auteurs
- Identifier les mécanismes de diffusion et de valorisation du livre sur l’espace public

Date de l’atelier : fin juillet 2014

 

Lieu de l’atelier : Fondation Konrad Adenauer ou Enda Tiers Monde